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Analyse de la situation financière des syndicats d’énergie adhérents à Territoire d’Énergie en France Métropolitaine


Les syndicats d’énergie jouent un rôle crucial dans la modernisation des infrastructures énergétiques en France, en assurant la distribution d’électricité et de gaz, le développement des réseaux et, pour certains, la production d’énergies renouvelables voire des activités d’ingénierie.
Le groupement Territoire d’Énergie rassemble plusieurs de ces syndicats permettant de mutualiser les compétences et renforcer leur influence. Cependant, tous ne suivent pas le même modèle économique.
Cette analyse financière, portant sur 47 syndicats entre 2021 et 2023, vise à identifier leurs forces, faiblesses et modèles économiques.

 Activités des syndicats d’énergie

Sur la base de leurs activités et de leur structure financière, nous distinguons trois grandes catégories :

Gestionnaires de réseaux : Ils se concentrent sur la distribution d’électricité et de gaz, avec une base fiscale stable. Leur recours à l’endettement varie en fonction des besoins en modernisation.

Producteurs d’énergies renouvelables : Ils investissent lourdement dans des projets solaires, éoliens ou hydroélectriques, le plus souvent via des filiales (SEM EnR) et dépendent fortement d’emprunts pour leur financement.

Syndicats multiservices : Outre la gestion des réseaux, ils fournissent d’autres services publics (éclairage, infrastructures de recharge, aménagement des équipements publics, informatique et services numériques, sobriété énergétique, ingénierie d’appui aux collectivités, etc.).

 Caractéristiques budgétaires des syndicats

Recettes et autonomie financière
  • Hausse des recettes de fonctionnement : +20% entre 2021 et 2023.
  • Fiscalité locale : +42%, (soit en moyenne 47% des recettes de fonctionnement) garantissant une plus grande stabilité financière.
  • Autonomie renforcée : 10 syndicats ont des recettes propres élevées (facturation de services principalement >= 50%).
Charges de personnel
  • Augmentation de +22% en trois ans, atteignant 96,5 M€.
  • Certaines hausses sont marquées.
  • Écart important dans la structure des coûts (9 syndicats consacrent plus de 50% de leurs dépenses à la masse salariale, un niveau pouvant peser sur leur flexibilité budgétaire et leur capacité d’investissement).
Capacité d’épargne et financement des investissements
  • Épargne brute 2023 : 322 M€ (+5,7% depuis 2021, ce qui représente un taux moyen d’épargne brute à 52%)
  • Épargne nette : 245 M€ (soit une progression de +1,4% depuis 2021 et représentant un taux d’épargne nette à 57%), indiquant une stabilité de l’autofinancement.
  • Endettement : 9 syndicats ont un taux d’endettement >100% illustrant une stratégie d’investissement soutenue, ce qui nécessite une gestion rigoureuse des flux de trésorerie pour éviter tout risque de surendettement. La durée moyenne de désendettement est de 1.05 an en 2023.
  • Dynamique d’investissement : un endettement bien calibré est un levier nécessaire pour le développement.
Trésorerie et fonds de roulement
  • Trésorerie cumulée : 523,9 M€ (+12% depuis 2021).
  • 3 syndicats avec une trésorerie < 30 jours de charges (équilibre fragile, ce qui constitue un risque en cas de tension budgétaire.).
  • Une trésorerie élevée peut aussi traduire une sous-utilisation des ressources, notamment en termes d’investissement.

L’analyse des principaux indicateurs financiers des syndicats d’énergie met en évidence une situation globalement solide, caractérisée par une croissance des recettes, une maîtrise des équilibres budgétaires et une capacité d’investissement soutenue. Cependant, des disparités importantes existent, notamment en matière de structure des coûts et de gestion de la trésorerie. Et l’autonomie financière de certains syndicats, via la facturation de services, constitue un atout stratégique.

Les 6 modèles économiques identifiés

Sur la base des comptes 2023, nous proposons une catégorisation des modèles économiques des syndicats d’énergie – TE :

Les prudents

Des gestionnaires financiers rigoureux, privilégiant une faible dette et une forte épargne pour sécuriser leur équilibre budgétaire. Ces syndicats adoptent une stratégie de prudence financière, avec un faible endettement (<30%), une épargne brute solide (>15%) et une trésorerie élevée (>100 jours de charges). Leur gestion des coûts, notamment des charges de personnel, est maîtrisée (<40% des dépenses de fonctionnement), leur permettant de maintenir un modèle stable et résilient face aux aléas économiques.Les syndicats qui privilégient la préservation des ressources et une gestion de long terme sans risque excessif.

Les investisseurs ambitieux

Une prise de risque assumée pour financer des projets stratégiques et préparer l’avenir. Ces syndicats font le choix d’un endettement élevé (>70%) mais maîtrisé, leur permettant de réaliser des investissements importants (>50% des recettes de fonctionnement). Malgré ce fort niveau d’endettement, ils conservent une bonne épargne brute (>10%) et une trésorerie généralement confortable (>90 jours). Leur stratégie est tournée vers le développement des infrastructures énergétiques et l’innovation, en s’appuyant sur un levier financier fort.Les syndicats ayant une vision de long terme et souhaitant accélérer la modernisation énergétique.

Les endettés sous pression

Une situation financière fragile où la dette pèse sur les marges de manœuvre. Ces syndicats affichent un endettement très élevé (>80%), couplé à une trésorerie faible (<60 jours de charges), ce qui limite leur capacité à absorber des chocs financiers. S’ils ont souvent engagé d’importants investissements par le passé, leur niveau d’épargne et de liquidités reste insuffisant pour garantir une souplesse budgétaire. Ce modèle peut présenter un risque de tensions financières à court terme, nécessitant un pilotage prudent des engagements financiers.Ces syndicats doivent optimiser leur gestion de trésorerie et renforcer leur autofinancement pour stabiliser leur situation.

Les équilibrés dynamiques

Une gestion financière agile, combinant prudence et ambition. Ce modèle est le plus répandu et se caractérise par une bonne maîtrise de l’endettement (<80%), une épargne brute correcte (>10%), et une capacité d’investissement significative (>20% des recettes de fonctionnement). La trésorerie (>60 jours) permet d’assurer une certaine sécurité tout en maintenant une dynamique de développement. Ces syndicats équilibrent croissance et stabilité financière, évitant à la fois un excès de prudence et un endettement trop risqué.Un modèle financier solide qui assure à la fois stabilité et capacité de développement.

Les investisseurs offensifs

Des syndicats qui privilégient l’investissement massif, quitte à réduire leurs réserves de liquidités. Ces syndicats affichent un fort taux d’investissement (>50%), tout en conservant une épargne brute très élevée (>40%) pour financer leurs projets. Cependant, leur trésorerie est faible (<45 jours de charges), signe qu’ils mobilisent au maximum leurs ressources financières pour accélérer le développement. Leur endettement reste modéré (<60%), leur permettant de ne pas trop fragiliser leur bilan.Ces syndicats privilégient l’action et l’optimisation du cash-flow pour maximiser leur impact.

Les atypiques

Ces syndicats sont hors normes, avec des situations financières très spécifiques. Cette catégorie regroupe des syndicats présentant des caractéristiques financières singulières ou extrêmes, les rendant difficiles à classer dans un modèle économique standard. Cela peut inclure :

Ces syndicats nécessiteraient une analyse plus approfondie et un suivi spécifique pour comprendre les leviers d’amélioration possibles.

Les syndicats se répartissent comme suit entre ces différentes catégories :

L’impact de la fiscalité locale sur les modèles économiques des syndicats

L’évolution de la fiscalité locale (+42% entre 2021 et 2023) pose la question de son impact sur la viabilité des syndicats, dans un contexte où l’Etat souhaite diminuer ses apports.
Les syndicats doivent donc trouver un équilibre entre recettes fiscales, autofinancement et endettement, en veillant à ce que l’augmentation de la fiscalité ne serve pas uniquement à accumuler de l’épargne, mais aussi à financer efficacement les infrastructures énergétiques qu’ils portent.

Conclusion

L’analyse des syndicats d’énergie adhérents à Territoire d’Énergie (2021-2023) met en lumière des modèles économiques variés et des stratégies financières contrastées. La plupart affichent une situation financière globalement saine, avec une capacité d’épargne en progression et une trésorerie consolidée, leur permettant de financer leurs investissements.

Néanmoins, plusieurs points de vigilance se dégagent :

  • L’évolution des recettes et de la fiscalité locale : la hausse des recettes de fonctionnement (+20%), notamment via la fiscalité locale (+42%), renforce les capacités d’investissement et traduit une consolidation des bases financières des syndicats. Cependant, la dépendance à la fiscalité pose la question de la soutenabilité à long terme, dans un contexte où le budget de l’Etat se tend.
  • Les charges de fonctionnement et de personnel : certains syndicats connaissent une hausse préoccupante de leurs coûts de gestion, risquant de peser sur leur capacité d’autofinancement à moyen terme.
  • Le recours à l’endettement : si certains syndicats adoptent une gestion prudente avec peu ou pas de dettes, d’autres présentent un endettement élevé, qui peut réduire leur marge de manœuvre. Un endettement maîtrisé, orienté vers des investissements stratégiques, demeure toutefois un levier essentiel pour accompagner la transition énergétique.
  • Les investissements et la modernisation énergétique : Ne pas être endetté n’est pas toujours un signe de bonne gestion. Ceux qui ont su équilibrer épargne et endettement sont aussi ceux qui ont le plus investi pour moderniser leurs infrastructures et anticiper les mutations énergétiques.

Dans un contexte où les syndicats d’énergie doivent relever des défis majeurs – modernisation des infrastructures, sécurisation des réseaux, transition énergétique – il est essentiel d’adopter une gestion équilibrée, articulant capacité d’autofinancement, endettement stratégique et investissements ciblés.

Esclat Conseil accompagne depuis 8 ans les syndicats d’énergie dans l’optimisation de leur gestion financière et stratégique. Grâce à une approche sur-mesure, nous aidons ces structures à concilier performance économique et transition énergétique, en garantissant une allocation efficace des ressources et des décisions éclairées.