Avec la simplification annoncée de la CSRD, on pourrait s’attendre à ce que les banques suivent le mouvement et réduisent leurs exigences ESG pour leurs souscripteurs. Mais est-ce réellement d’actualité ?
Esclat Conseil décrypte les impacts sur les exigences des financeurs et assureurs
Pourquoi les banques pourraient être tentées d’assouplir leurs critères ESG ?
- Moins de pression réglementaire = plus de flexibilité pour accorder des financements.
- Réduction des obligations pour les PME et ETI, évitant une exclusion de certains acteurs économiques.
- Alignement avec une Europe qui semble vouloir rééquilibrer compétitivité et transparence.

Mais plusieurs barrières existent :
- Les banques européennes restent soumises aux règles de la BCE et de l’Autorité bancaire européenne (EBA). Elles doivent toujours intégrer les risques climatiques dans leurs bilans !
- Les stress tests climatiques imposés par la BCE sont toujours en place : elles doivent prouver qu’elles financent des entreprises alignées avec la transition climatique.
- Les investisseurs et fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) continueront d’exiger des critères ESG solides.
- Les agences de notation financière (Moody’s, S&P Global ou Fitch par ex) tout comme les exigences imposées par les banques centrales, jouent un rôle majeur dans l’intégration des critères ESG au sein du secteur bancaire.
Même si la CSRD est allégée, les banques ne pourront pas véritablement alléger leurs exigences ESG car celles-ci sont structurantes dans leur gestion des risques et sous la supervision stricte des régulateurs financiers.
Les critères ESG : contraintes ou outils de gestion des risques financiers ?
Les critères ESG ne sont pas qu’une contrainte réglementaire, ils sont devenus des indicateurs-clés de la solidité financière des entreprises.
Un risque ESG mal maîtrisé peut se transformer en un risque financier direct :
- Pollution = Sanctions financières et dégradation de l’image de marque.
- Non-respect des droits humains = Boycotts et pression des consommateurs.
- Manque d’anticipation des réglementations climatiques = Coûts imprévus et perte de compétitivité.
Les investisseurs et les banques ne se contentent pas de vérifier les critères ESG, ils analysent leur impact direct sur la performance financière des entreprises.

© Sebastian Ganso (Pixabay)
CSRD vs régulation bancaire : une confusion fréquente !
- La CSRD simplifiée par Omnibus concernera uniquement le reporting de durabilité pour les entreprises.
- Les régulations bancaires ESG, elles, relèvent d’autres cadres : les banques européennes sont tenues par la supervision de la BCE et de l’EBA, ainsi que par des régulations comme la SFDR et la Taxonomie européenne.
Même si la CSRD est allégée à terme, cela n’affectera pas directement les obligations ESG imposées aux banques par les régulateurs financiers. Ces obligations restent fondamentales pour :
- Garantir la stabilité du système financier face aux risques climatiques et environnementaux
- Assurer la conformité des banques aux réglementations prudentielles.
Et les assureurs dans tout ça ?
- Les assureurs sont en première ligne face aux risques climatiques et de transition, comme le montre la dernière cartographie prospective des risques de l’assurance : le dérèglement climatique rejoint les cyberattaques en tête des risques.
- L’augmentation des catastrophes naturelles (ouragans, sécheresses, inondations) pousse les assureurs à revoir leurs modèles de tarification et de couverture.
- Un mauvais calibrage des risques ESG peut exposer un assureur à des pertes financières massives, ainsi que les entreprises assurées (litiges climatiques, poursuites judiciaires pour inaction ou pollution…).
- Les régulateurs imposent désormais aux assureurs une analyse plus fine des risques climatiques.
- Certains grands assureurs (Allianz ou Axa par exemple) ont déjà exclu des secteurs à haut risque ESG de leurs investissements (charbon, pétrole, etc.).

© Esclat Conseil d’après la cartographie prospective des risques de l’assurance
Les assureurs ne se contentent pas d’anticiper les catastrophes climatiques : ils doivent aussi faire face aux risques de transition et à une explosion des contentieux climatiques contre les entreprises, qui influencent directement leurs politiques de souscription et d’investissement.
Assureurs et banques sont donc confrontés aux mêmes défis : ils doivent non seulement intégrer les critères ESG, mais aussi mieux anticiper les risques et ajuster leurs portefeuilles de clients et d’investissement en conséquence.
Notre conviction
Les critères ESG sont aujourd’hui des outils stratégiques indispensables pour identifier et gérer les risques financiers, tout en garantissant la résilience à long terme des entreprises.
Les banques et assureurs ont tout intérêt à conserver une approche robuste des risques ESG, même si le contexte de réglementation évolue.
Ressources :
Cartographie prospective des risques assurances