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Panorama et analyse des SEM EnR en France


Cartographie

Alors que l’importance des SEM EnR dans la transition énergétique territoriale en France n’est plus à démontrer, il nous a semblé important, chez Esclat Conseil, de réaliser une cartographie collaborative des SEM EnR en France en 2025.

Cette carte recense les Sociétés d’Économie Mixte (SEM) dédiées aux énergies renouvelables (EnR) en France Métropolitaine, de périmètre départemental ou régional. Elle vise à donner une vision claire et actualisée du paysage des SEM EnR et de leur répartition territoriale en date de février 2025. N’hésitez pas à nous aider à la faire évoluer si vous voyez des oublis, des modifications en nous contactant à esther.veaux@esclat-conseil.fr. L’idée est de maintenir cette carte la plus à jour possible grâce à votre collaboration.

L’analyse d’Esclat Conseil sur le panaroma des SEM EnR en France

Le cabinet travaille avec de nombreuses SEM EnR. Grâce à notre solide expérience, nous sommes en mesure de fournir une analyse appuyée sur notre expertise du domaine.

Un dynamisme régional contrasté

L’analyse des SEM EnR en France montre des disparités géographiques marquées. Si certaines régions affichent une forte concentration de SEM, traduisant un engagement local significatif en faveur de la transition énergétique, d’autres territoires se caractérisent par une présence plus réduite des SEM EnR. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation :

  • Opportunités locales de développement des EnR : certains territoires présentent un potentiel naturel plus favorable au développement des énergies renouvelables (ensoleillement, vent, etc.), ce qui favorise l’implantation de SEM dédiées.
  • Présence d’acteurs EnR déjà établis : sans certains territoires, d’autres acteurs (grands groupes énergétiques ou opérateurs privés) peuvent déjà occuper une part importante du marché des EnR, limitant ainsi la nécessité de créer des SEM spécifiques.
  • Volonté politique : le niveau d’implication des collectivités locales et la priorité accordée aux projets EnR influencent directement la structuration et la création de SEM EnR sur un territoire. Un engagement politique fort est souvent un levier essentiel pour initier et soutenir ces projets.
Des vagues de développement influencées par les politiques publiques

L’analyse de l’évolution des années de création des SEM EnR met en évidence des « pics » de développement, directement corrélés aux grandes orientations des politiques publiques en matière d’énergie renouvelable.

  • Les premières SEM EnR historiques, créées avant 2010, témoignent d’une approche pionnière, souvent portée par des collectivités visionnaires : SEMBREIZH en 1959, SERM (Société d’économie mixte de la Région Montpelliéraine), SEM Energie (Energies locales et renouvelables) et SEM AREX Occitanie en 1989.
  • L’accélération depuis 2015 correspond à l’émergence d’un cadre réglementaire plus structurant, avec l’intégration des enjeux climatiques dans les stratégies énergétiques territoriales : une quarantaine de 40 SEM EnR ont en effet été créées depuis 2015, sur 53 recensées dans notre fichier d’analyse.
  • Les SEM les plus récentes (2020 et après) traduisent un besoin croissant de structurer la production locale d’énergies renouvelables, notamment pour répondre aux exigences de la transition énergétique et des réglementations européennes : SEM AREC CVL, SEM EnR 32, SEM Grand Est Energies …
Une capitalisation variable selon les structures

Les SEM EnR de notre étude affichent des niveaux de capitalisation très variables : 53 sociétés dans notre fichier comptabilisant 370 M€ de capital social. 75% des SEM EnR disposent d’un capital social inférieur à 8 millions d’euros !

Le capital social moyen se situe autour de 6,9 millions d’euros, mais avec d’importantes disparités :

  • Les SEM à faible capitalisation (inférieure à 2 millions d’euros) sont généralement des structures récentes, en phase de montée en puissance, ou des SEM locales à périmètre d’action restreint. Elles représentent 15% des SEM EnR de France.
  • Les SEM intermédiaires (entre 5 et 15 millions d’euros) disposent d’une assise financière plus solide et ont souvent un périmètre plus large, couvrant plusieurs typologies de projets (solaire, éolien, méthanisation, hydroélectricité). Elles représentent 30% des SEM EnR de France.
  • Les SEM les plus capitalisées dépassent les 20 à 30 millions d’euros, souvent soutenues par de grands syndicats d’énergie ou des acteurs publics majeurs.
Capitalisation totale en €369 518 490 €
Capitalisation médiane en €4 231 000 €
Capitalisation moyenne en €6 972 047 €
Capitalisation min en €225 000 €
Capitalisation max en €48 230 527 €
25% en €2 240 000 €
50% en €4 231 000 €
75% en €7 970 000 €
Un lien atypique entre ancienneté et capitalisation !

L’analyse de la relation entre l’ancienneté et la capitalisation des SEM EnR révèle une dynamique atypique. Contrairement à l’idée reçueselon laquelle les SEM les plus anciennes seraient systématiquement mieux dotées financièrement, plusieurs SEM récentes affichent dès leur création une capitalisation significative, témoignant d’une évolution des modèles de financement et d’un engagement renforcé des acteurs publics et privés dès la phase de lancement.Cette dynamique peut s’expliquer en réalité par plusieurs facteurs :

  • Portefeuille de projets EnR important dès la création : certaines SEM récentes bénéficient dès leur lancement d’un portefeuille de projets d’envergure, nécessitant des apports financiers conséquents pour assurer leur développement rapide.
  • Participation active au développement et prises de participation : les SEM récentes adoptent souvent une approche proactive, en participant directement au développement des projets et en prenant des participations significatives dans des sociétés de projet EnR, ce qui justifie des niveaux de capitalisation élevés.
  • Intérêt renforcé des acteurs publics et privés : le cadre réglementaire plus exigeant et les objectifs ambitieux de transition énergétique ont conduit à une implication croissante des acteurs publics, mais également des investisseurs privés, qui souhaitent soutenir financièrement le développement de nouveaux projets EnR.
Une SEM ancienne n’est pas nécessairement mieux structurée en effectifs

L’analyse de la relation entre l’ancienneté des SEM et leur niveau de structuration en effectifs ne permet pas de conclure de manière catégorique que les SEM plus anciennes sont systématiquement mieux dotées en personnel.
En effet, le faible nombre de SEM créées avant 2000 limite la portée statistique de cette observation. De plus, la corrélation mesurée est modérée et non déterminante, suggérant que d’autres facteurs jouent influencent davantage la structuration des SEM, tels que la stratégie d’investissement ou le type de projets développés. :

Plus une SEM est active dans le développement de projets, plus ses effectifs sont susceptibles d’être élevés.Son dynamisme dépend de trois éléments majeurs :

  • Le potentiel territorial en EnR : un territoire bénéficiant d’un fort potentiel éolien, solaire ou hydroélectrique favorisera une SEM plus active, nécessitant ainsi une équipe plus importante.
  • L’équipe dirigeante : une gouvernance proactive, identifiant et développant de nombreuses opportunités, aura besoin de davantage de ressources humaines pour assurer la montée en puissance des projets.
  • L’implication des collectivités actionnaires : un soutien actif des collectivités locales (financements, partenariats, appui administratif) permet à une SEM de développer plus de projets et de structurer une équipe plus conséquente.

Le niveau de capitalisation n’est pas un facteur clé de la structuration en effectifs.


D’après nos analyses, seulement 15% des écarts d’effectifs peuvent être expliqués par la capitalisation des SEM EnR. 
Cela signifie que disposer d’un capital social plus important ne garantit pas une équipe plus étoffée.

Comment expliquer l’absence de corrélation entre effectifs et capital social ?

1 – Toutes les SEM ne jouent pas le même rôle dans la chaîne de valeur des EnR

  • SEM “financières” : certaines SEM se positionnent uniquement comme des investisseurs minoritaires qui apportent du capital à des projets déjà bien avancés. Ces SEM nécessitent peu de personnel car elles n’ont pas de rôle opérationnel fort ; elles interviennent uniquement dans le tour de table.
  • SEM “développeuses intégrées” : d’autres SEM interviennent très en amont, en initiant, structurant et pilotant le développement de projets. Comme elles gèrent tout le cycle de vie des projets, elles doivent alors gérer des tâches comme le foncier, les études d’impact, les autorisations, le financement et la construction. Ce modèle exige une équipe plus étoffée, notamment avec des chefs de projet, des ingénieurs, et des experts en financement (internes et/ou externes).
  • SEM spécialisées dans des grappes de petits projets : les SEM qui développent plusieurs petits projets nécessitent une structure plus importante qu’une SEM qui investit uniquement dans des centrales de grande taille déjà structurées par des opérateurs privés.
  • SEM mixtes : ces sociétés ne se limitent pas au financement mais n’internalisent pas non plus l’ensemble des compétences nécessaires au développement de projets. Elles s’impliquent dans certaines phases clés du développement (identification d’opportunités, obtention de permis, structuration financière) mais externalisent d’autres aspects techniques (études d’impact, ingénierie, construction, exploitation). Elles adoptent alors une stratégie de co-développement avec des partenaires privés ou publics, mutualisant ainsi les ressources et limitant le besoin de recruter massivement. Ces SEM interviennent souvent sur des projets de taille moyenne ou sur des projets complexes nécessitant un ancrage local et une structuration progressive.

2 – Le cadre réglementaire et les financements publics influencent également la structuration des SEM

  • Politiques publiques nationales et locales : des mesures incitatives (tarifs de rachat, appels d’offres CRE, soutien aux SEM par la Banque des Territoires) peuvent stimuler l’activité et justifier des embauches.
  • Accès aux financements et subventions : une SEM qui lève plus facilement des fonds publics et privés pourra structurer une équipe plus conséquente.
  • Concurrence avec d’autres acteurs : dans certains territoires, la présence d’opérateurs privés très actifs peut limiter le développement des SEM et donc leur structuration.

3 – La structuration des SEM dépend aussi de leur organisation interne et de leur stratégie

  • Mutualisation des ressources et externalisation : certaines SEM partagent leurs équipes avec d’autres structures (syndicats d’énergie, SPL, agences locales de l’énergie) ou s’appuient sur des ressources externes (sous-traitants, bureaux d’études, partenaires …). Cela peut limiter leur besoin de recrutement.
  • Stratégie de développement à long terme : une SEM qui mise sur une croissance progressive adoptera une structuration différente d’une SEM qui cherche à internaliser rapidement des compétences pour monter en puissance.
Nos conclusions : un modèle en pleine évolution et disparate au niveau territorial

L’écosystème des SEM EnR en France se distingue par sa diversité, tant en termes de structuration, de capitalisation que de rôle dans la chaîne de valeur des énergies renouvelables. Notre analyse et notre connaissance du sujet nous permettent de mettre en évidence trois constats clés sur leur développement et leurs facteurs de réussite.

1️ – Une structuration avant tout conditionnée par les dynamiques locales et politiques
L’implantation des SEM EnR varie fortement selon les régions. Certaines zones, comme l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine ou l’Auvergne-Rhône-Alpes, bénéficient d’un maillage dense, tandis que d’autres restent en retrait. Cette répartition est davantage influencée par la volonté politique locale et le soutien institutionnel que par le simple potentiel territorial en EnR. Les vagues de création des SEM suivent d’ailleurs les grandes orientations des politiques publiques nationales.

2️ – Des modèles économiques variés, mais une structuration qui s’affine
Il n’existe pas de modèle unique pour les SEM EnR. Certaines intègrent l’ensemble du cycle de vie des projets, d’autres externalisent certaines expertises, et d’autres encore jouent uniquement un rôle d’investisseur. Contrairement aux idées reçues, les SEM récentes peuvent être aussi bien capitalisées, voire davantage, que les SEM historiques, grâce à un portefeuille de projets ambitieux et un soutien institutionnel fort.

3️ – Un modèle en mutation, entre opportunités et défis à relever
Avec l’accélération de la transition énergétique, les SEM jouent un rôle clé dans le développement des EnR locales. Toutefois, elles doivent relever plusieurs défis :

  • Sécuriser des financements pérennes, face à des contraintes budgétaires croissantes et une concurrence accrue avec le privé.
  • Attirer et fidéliser des talents, notamment en ingénierie de développement, finance et gestion de projet.
  • Structurer une gouvernance agile et efficace, conciliant engagement public et attractivité pour les investisseurs privés.

 Perspectives pour l’avenir ?
L’évolution des SEM EnR ne fait que commencer de notre point de vue. À mesure que la transition énergétique s’intensifie et que les exigences réglementaires s’ajustent, elles devront adapter leurs modèles, innover dans leurs partenariats et renforcer leur professionnalisation. Leur succès dépendra de leur capacité à monter en puissance tout en conservant leur ancrage territorial avec des moyens maîtrisés.
Esclat Conseil suit de près ces évolutions et accompagne les acteurs publics et privés dans la conception, le financement et la gouvernance de leurs projets EnR. Grâce à une expertise stratégique et opérationnelle, nous aidons les territoires à bâtir des solutions énergétiques durables et adaptées aux défis climatiques et économiques de demain !